L’Economiste (Maroc), Édition N° 1511 du 05/05/2003
Stuttgart, capitale de l’humour
AFP: Les experts mondiaux du rire tiendront leur congrès dans cette ville allemande
"Se munir d'un nez rouge": voici la très sérieuse condition requise pour plusieurs séminaires du 9e Congrès international de l'humour, qui commence vendredi prochain à Stuttgart (sud-ouest de l'Allemagne).
"Découvre le clown en toi", "Rires et discipline: motiver une équipe dans la bonne ambiance", "Clowneries à l'hôpital" ou encore "L'humour, meilleure arme contre la violence". La liste des ateliers montre l'étendue des applications sociales et thérapeutiques de la "gélotologie", la science du rire, sujet académique en Allemagne et dans des pays anglo-saxons.
"Dans nos pays marqués par le calvinisme et le puritanisme, plus rigides que les pays catholiques, nous ressentons particulièrement le besoin de libérer nos émotions par l'humour", a doctement expliqué à l'AFP Michael Titze, directeur scientifique de l'événement.
Ce psychanalyste mène des thérapies de groupe pour des patients souffrant de phobies d'ordre social, quand il ne dirige pas, l'hiver, des "universités d'humour" pour lutter contre la dépression.
Un millier d'éducateurs, professionnels de la santé et psychothérapeutes sont attendus à ce congrès organisé dans un hôpital protestant. Dimanche, des "extraits de la Bible où il est question de rires" émailleront le service religieux.
Le psychologue allemand Thomas Holtbernd animera le séminaire "Humour et business: réussir par le bon mot et l'ironie". Il est régulièrement sollicité par de grandes entreprises pour régler des différends internes ou remonter le moral des troupes quand les chiffres sont mauvais.
"Je note depuis deux ans une plus grande ouverture à l'humour dans les entreprises allemandes, en partie parce qu'on s'est rendu compte que les gens qui rient beaucoup tombent moins souvent malades", indique-t-il.
En mission, il demande souvent "aux employés de jouer une scène de conflit propre à l'entreprise avec un nez de clown. Cet objet déclenche une liberté de ton et une créativité incroyables".
Autre activité de groupe présentée à Stuttgart: les clubs de rire, une quarantaine en Allemagne. Le premier a été fondé en Inde en 1995 par le médecin Madan Kataria, pour "activer les forces guérisseuses du rire, sur le principe du yoga, et contribuer ainsi à la paix dans le monde". Une philosophie présentée chaque premier dimanche de mai à l'occasion de l'autoproclamée "Journée internationale du rire".
Une fois par semaine, une vingtaine de dames se retrouvent en grosses chaussettes de laine dans un gymnase, pour écouter les instructions de Josefine Grimmer, qui a suivi l'enseignement du Dr Kataria à Bombay.
"Tirez la langue, faites la grimace d'un lutin malicieux et riez quand vous vous croisez!" lance-t-elle à ses condisciples qui font des ronds, dans une ambiance de cour de récréation. Les fous rires ne tardent pas à fuser. Après une longue pause respiratoire, le club se met à baragouiner une langue imaginaire pour repartir de plus belle dans les éclats.
"Rire développe le système de défense immunitaire", assure Rose de Laczkovich, délicieuse mamie en imperméable pastel. Une autre soupire: "En Italie, en France, on sait rire. Mais plus on monte vers le nord ..."